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Mise à jour de décembre 2023 :
En septembre 2023, le gouvernement belge a déposé un projet modifiant la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers pour y introduire un nouveau droit de séjour pour les apatrides. Ce texte est actuellement discuté au Parlement et devrait être adopté en janvier 2023. Le projet de loi propose d'établir une nouvelle procédure administrative pour déterminer l'apatridie qui conduirait à un droit de séjour, tandis que la procédure judiciaire actuelle serait maintenue. Si l'introduction d'un permis de séjour pour les apatrides est bienvenue, la proposition actuelle contient plusieurs éléments préoccupants, comme l'imposition de conditions qui vont au-delà de la Convention de 1954 et des lignes directrices du HCR, et la création d'un mécanisme complexe et peu clair qui n'est pas conforme aux obligations internationales de la Belgique. ENS et NANSEN ont publié un avis commun analysant la proposition.
Depuis le mois d'août, des rapports indiquent que plusieurs municipalités ont reçu des instructions de l'Office des Étrangers pour retirer la nationalité belge aux enfants nés en Belgique de parents palestiniens, qui l'avaient acquise sur la base du fait qu'ils étaient sinon apatrides (article 10, Code de la nationalité). Les instructions données par l'Office des Étrangers sont considérées comme illégales par les experts, car l'Office n'est pas compétent en la matière.
Les informations ci-dessous ont été mises à jour pour la dernière fois en février 2023. Une mise à jour complète de cette page sera disponible en 2024.
La Belgique a un assez bon bilan en matière d'adhésion aux instruments pertinents relatifs aux droits humains, mais elle a fait des déclarations à la Convention de 1961, qui limitent la portée de certaines dispositions visant à prévenir l'apatridie, et elle n'a pas adhéré aux conventions pertinentes du Conseil de l'Europe. Si certaines données sur la population apatride sont disponibles et que certaines améliorations y ont été apportées, des lacunes subsistent. L'apatridie peut être déterminée par une procédure judiciaire, mais celle-ci manque de règles et de garanties procédurales, la charge de la preuve et le degré de preuve requis ne sont pas conformes aux normes internationales, enfin la reconnaissance de la qualité d’apatride par les tribunaux ne donne actuellement pas lieu à un permis de séjour ni à des droits supplémentaires. En 2021, le gouvernement promet d'introduire des permis de séjour pour les apatrides et un processus de consultation a été lancé, mais en février 2023, il n'y avait aucune information sur la date et la manière dont ces engagements seront tenus même si un processus législatif était évoqué.
Il y a également des lacunes dans les sauvegardes visant à empêcher le placement arbitraire en rétention administrative des apatrides, et les personnes apatrides libérées ne reçoivent pas de documents d'identité ni de droits.
Certaines dispositions pour prévenir et réduire l'apatridie existent en droit belge, y compris une disposition pour accorder automatiquement la nationalité aux enfants apatrides nés sur le territoire, mais la mise en oeuvre pratique de celle-ci est problématique. Il existe une disposition sur les enfants trouvés, mais elle ne s'applique qu'aux nouveau-nés. La procédure d'adoption peut présenter un risque d'apatridie en raison des règles relatives à la perte et à l'acquisition de la nationalité belge. Bien que toutes les naissances doivent être enregistrées en Belgique, sans tenir compte du statut des parents, les fonctionnaires sont tenus de signaler les personnes sans papiers aux services de l'immigration, ce qui peut empêcher ou dissuader certaines de ces personnes d'enregistrer la naissance de leurs enfants. Les parents doivent aussi résider légalement dans le pays pour obtenir l’inscription de leur enfant au registre national, une condition préalable à l'accès à de nombreux droits, notamment le plein accès à l'éducation et aux soins de santé. Enfin, il existe des garanties procédurales portant sur la perte et la déchéance de la nationalité, pour éviter l'apatridie dans la plupart des cas, sauf lorsque la nationalité est acquise par la fraude.
Valérie Klein and Julie Lejeune, NANSEN
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